Cercle de Réflexion des Doctorants/UOB: ”Nous dénonçons donc, M. le Chef de l’Etat, une conspiration des responsables de l’Agence Nationale des Bourses du Gabon”
LETTRE OUVERTE À M. ALI BONGO ONDIMBA,PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT
Excellence M. le Président de la République,
L’immense privilège de vous écrire cache bien mal notre enthousiasme dans l’idée que l’acte décisif de réparation du préjudice dont sont victimes les étudiants gabonais en général, les Doctorants en particulier, est tout entier attendu de vous. Il vous apparaîtra aussi clairement, M. le Président, qu’il n’est rien qui nous motive à cette entreprise épistolaire moins que le souci de votre prestige ainsi que celui des institutions de la République que menace un délit grave qui risque d’être commis à votre insu.
C’est parce que nous sommes persuadés que l’information ne vous est pas encore parvenue et qu’on voudra tout mettre en œuvre pour vous la dissimuler, pour vous l’escamoter et pour la classer discrètement dans les tiroirs de l’oubli que nous sommes convenus de recourir, après avoir épuisé toutes les démarches légales pour nous faire entendre, à la présente initiative.
Le fait est, votre Excellence, que les responsables de l’Agence Nationale des Bourses du Gabon (ANBG) ont choisi délibérément de ne pas appliquer en totalité le décret N°00148/PR/MERSTTENFC du 07 juin 2021 fixant les régimes de bourse d’études en République gabonaise, qui intègre les réformes innovantes de votre politique sociale, gage probant de votre engagement envers la formation de la jeunesse que vous tenez tant en estime. Ils en ont fait une application parcellaire aux dépens des étudiants.
Malgré les nombreuses tentatives et les démarches successives entreprises depuis deux mois auprès du Gouvernement et du Secrétariat Général de la Présidence de la République qui ont, par ailleurs, admis la légitimité et la légalité de nos revendications, nous n’avons guère pu obtenir des dirigeants de l’ANBG une garantie de réparation du préjudice que nous dénonçons.
Aussi cette situation de lèse-justice a-t-elle atteint la cime de son anormalité que confirme le refus catégorique des responsables de l’ANBG d’appliquer ce décret entré pourtant en vigueur à compter de l’année académique 2021-2022, selon les dispositions de son article 31, au prétexte que l’application du dudit décret se heurterait à un déficit budgétaire. L’ultime espoir qui nous motive donc à dénoncer cette flagrante violation de la loi nous émeut de la persuasion qu’une fois la situation portée à votre connaissance, vous ne sauriez tarder à y remédier en déployant votre habilitation en la matière.
M. le Président de la République, la situation que nous dénonçons est d’un enjeu si fondamental que le délit commis constitue de façon graduelle une atteinte sérieuse à la souveraineté et à la respectabilité des plus hautes institutions de l’Etat dont vous êtes le garant.
D’abord le prétexte ou, mieux, le subterfuge du déficit budgétaire soutenu (à tort) par les responsables de l’Agence pour se dérober malhabilement à leur devoir apparaît comme une prétentieuse remise en cause de la compétence de prévision politique censée déterminer l’action de votre Gouvernement.
Ensuite il dénote un outrage intolérable aux institutions auxquelles incombait l’examen du décret avant sa publication dans le Journal Officiel N°118 du 10 juin 2021. Ce qui reviendrait à supposer que toutes les intelligences mobilisées lors des travaux en commission d’étude de faisabilité (examen des enjeux d’application de ce décret), notamment les deux Chambres du Parlement, seraient frappées du sceau d’une défaillance chronique jointe à une négligence caractérielle. Ces institutions seraient, dès lors, à en croire cet argument, réduites à des associations d’inaptes intellectuels ou, pour le dire trivialement, des associations d’incompétents. Quel sacrilège se serait d’oser l’audace d’une telle supposition !
Enfin, l’acte illégal commis par les dirigeants de l’ANBG et reconnus impavidement par leurs soins galvaude votre autorité et menace votre notoriété en tournant en dérision une réforme que vous espériez pourtant placer au centre de votre politique sociale.
Nous dénonçons donc, M. le Chef de l’Etat, une conspiration des responsables de l’Agence Nationale des Bourses du Gabon qui, si vous ne prenez garde à juguler le mal à temps, risque de ternir le prestige de votre deuxième septennat pourtant dédié à la jeunesse ;
Nous dénonçons une conspiration plus grande encore, ourdie contre les plus hautes institutions de l’Etat dont la souveraineté se trouve désormais disposée à souhait par un organe auquel la loi ne confère qu’un rôle d’opérationnalisation, c’est-à-dire d’exécution ;
Nous dénonçons le mépris de la qualité d’Etat de droit de notre chère nation par les responsables de l’ANBG qui prennent des libertés vis-à-vis de la loi en s’autorisant une immixtion impromptue dans un pouvoir discrétionnaire qui échappe aux prérogatives que leur confère la loi ;
Nous dénonçons leur volonté de créer un climat social délétère en poussant les étudiants dans leurs retranchements et en les réveillant aux instincts enfuis ;
Nous dénonçons, enfin, une conspiration contre votre intégrité morale par des actes qui travestissent en « promesses électorales » vos engagements saluables pour la jeunesse de votre pays si chère à vos yeux ;
Notre conviction est forte en ce que la haute estime dans laquelle vous tenez la problématique de la formation de vos jeunes compatriotes saura infléchir à notre cause vos plus nobles sentiments.
Dans cette ardente attente, veuillez recevoir, avec nos hommages, Excellence M. le Président de la République, nos salutations distinguées.
Pour le Collectif des Doctorants
Scheldon B. Ngoulou Ngavouka,
Coordinateur Général du Cercle de Réflexion des Doctorants/UOB