Rapport de l’audit de la dette sociale du football professionnel : l’amateurisme au rendez-vous dans les Clubs au Gabon
Le rapport de l’audit mené par le cabinet Ernst &Young sur la dette sociale du football professionnel dans notre pays a finalement été lu hier dans les locaux du ministère des Sports, en présence du Ministre Franck Nguema et l’ensemble des acteurs du football, c’est-à-dire les associations des présidents des clubs, de joueurs, des arbitres, des entraîneurs et du personnel de Linaf.
L’audit diligenté par le ministère des Sports auprès du cabinet indépendant et international, Ernst &Young, avait pour objectif de mettre la lumière sur une dette qui prend en compte les saisons sportives 2016-17, 2017-18, 2018-19 et 2019-20. Après 18 mois plutôt que les 3 mois initialement prévus, Ernst & Young a mis en évidence plusieurs anomalies importantes concernant les chiffres liés à la dette. Christopher Herbaut, représentant du cabinet Ernst et Young, a souligné la difficulté rencontrée par le cabinet international de rentrer en possession des documents de la part des différentes parties impliquées dans ce processus de la dette des clubs de D1 et de D2.
Selon le responsable du cabinet international, le montant de la dette serait estimée à 1. 832.000.000 Fcfa. Toutefois, il y aurait 525.000.000 de créances non reconnues par les clubs; sur les 1.256.000.000 restants, seulement 339.000.000 Fcfa reconnus par les clubs.
Trois constats expliquent ces anomalies :
Selon Christopher Herbaut, représentant du cabinet Ernst et Young, « l’absence des contrats sur la quasi-totalité des dossiers des joueurs soumis à notre analyse et l’absence de contrats avec leurs clubs respectifs explique cette défaillance qui se répercute sur l’ensemble des dossiers ».Il en ressort par exemple que seulement 7 joueurs auraiebt fourni leur contrat avec leur respectif sur près de 600 dossiers de joueurs examinés.Toutefois concernant la dette des joueurs, il en ressort que la Fegafoot aurait fait un versement de 250 millions de francs CFA au total pour aider les clubs à épurer une partie de celle-ci. Rétention de contrats, absence de fiches de paiements, contrats incohérents (année civile ou sportive?), des manquements criards pour un milieu sportif qui se dit professionnel.
Les présidents des clubs boudent également la dette réclamée par les entraineurs :
Selon le cabinet Ernst et Young, la dette réclamée par les entraineurs serait de 368.000.000 Fcfa,mais les clubs ne reconnaitraient que 186.000.000 Fcfa de créances. Un écart de 182.000.000 Fcfa apparaît alors qui serait lié au fait de l’absence de contrats sur la quasi-totalité des dossiers des entraineurs et sur l’absence de preuve de règlement de salaires. L’association des entraîneurs accusent les clubs de faire également de la rétention des contrats pas suffisamment clairs et parfois établis verbalement. Les présidents des clubs ont rejeté cette dette en affirmant qu’il est invraisemblable que seulement une soixantaine d’entraîneurs réclament la bagatelle somme de 368 millions de francs CFA.
Même la Linafp est accablée par les dettes, incroyable !
Les arbitres et le personnel de Linafp ne sont pas en reste. L’organisme chargé d’organiser le championnat national de football professionnel aurait une dette de 14.000.000 Fcfa à l’endroit des arbitres. Un montant qu’elle remet en question en affirmant qu’il s’agirait plutôt de 10.000.000 Fcfa arrêté sur la base d’un travail consensuel entre les deux parties dont elle détiendrait des documents dûment signés par les deux parties. Pour le personnel, la dette s’élèverait à 30.000.000, avec là aussi des documents qui seront apportés afin de définir avec exactitude cette dette.
Au final, un accord aurait été établi entre la Fégafoot, la LINAFP, l’ANAFPG et l’ACPF en septembre 2020, pour le compte de la dette que les différentes parties ont estimé à 795.000.000 Fcfa portant sur les saisons 2016-17, 2017- 2018, il s’agit notamment des 250 millions versés par la Fegafoot en guise de contribution mentionnée plus haut.
Yves Herty